Ici
le temps
des mots
est compté
::

Vous avez reçu un oxymore

retour de l'usurpation

Le 29 mai, je râlais :

oxymore tweeté

Loin d’être un évènement en soi – le râle fait partie de mon expression quotidienne –, c’est bien une des premières fois où j’utilise une plateforme pour relâcher avec virulence quelque chose sans l’avoir digérer.

    vomir en quelque sorte mais en ayant à peine mâcher

Il ne s’agit pas ici de questionner cette pratique, source de nombreuses houles débattantes et déferlantes. Ce que l’on va faire plutôt, c’est bel et bien mastiquer pour mieux assimiler.

J’écris aussi ce post afin de pouvoir mieux ? répondre au maudit courriel

rédiger une première fois sa rage pour ensuite réagir sans carton rouge 

Contexte #

J’ai adressé une question par courriel. Sensiblement la même qu’un collègue a également adressé à la même entité. J’ai léché mon adresse (en tout cas je le pense)

Salutation
            conditionnel
            aveux d'incompréhension
            demande d'aide 
            envisageable
            question ?
            enthousiasme !
            courage envoyé
            certitude de bonne volonté
Bien à vous, 

L’adresse de mon collègue (dont je ne divulguerai pas le lexique) était moins douce et lisse, “plus méchant[e]” comme décrit par ce dernier.

Les adresses ont été envoyées le même jour, à 10 minutes d’écart environ : une gymnastique lancée en bloc d’un bout de l’océan.

Les réponses ont également été envoyées à peu de laps d’intervalle. Mais ces jumeaux étaient bien différents en caractères…

Réception #

J’ai vu d’abord ma réponse. Une missive plutôt passive-agrrrrrrrrrgressive dont le ton peut autant s’expliquer par le manque de temps, la charge mentale, le principe du courriel, etc.

C’est le jeu,

parfois on manque de distance latence patience, 
on trahit en transcrivant un énervement, 
on veut être clair concis  carré, 
on a d'autres choses dans les mains et dans les têtes

J’ai dû également employer la missipassiagressive bien des fois.

Je suis bonne joueuse, je prends, je reçois. Une missive parmi d’autres (tant que l’on ne m’envoit pas de bibliographie en texte brut, je ne bronche pas tant que ça). J’aurai râlé pour le sport, le cardiaque, la pause clope.

Ascenseur #

Je pensai avoir atterri,

être bien dans mes talons avec mon courriel en attente de réponse
savoir quoi répondre sans peine ni force

Mais j’étais en fait bien haut dans la pente et la connaissance de la réponse reçue par mon collègue a rompu le cable de mon calme.

Nous n’avons, mon collègue et moi, pas le même statut épistolaire : il a accès à une réponse patiente, respectueuse, arrangeante1. Les réponses aurait-elles été inversées comme les enfants dans les hôpitaux ?

J’ai cru à un hoax, c’était un oxymore.

L’ascenseur tombe.

Le Blocage #

Comment répondre ? C’est bien ce qui bloque surtout

pardon mais votre réponse accroche à bien des égard 
je crois déceler un problème systémique dans votre réponse
pourquoi lui et pas moi ?
c'est quoi ton problème ?!

Qui suis-je pour vouloir adresser un système par le biais d’une seule personne ? Comment parler des adresses qu’on aurait aimé recevoir et que l’on a pas reçu sans que cela passe pour de la jalousie ou de l’orgueil ? Comment expliquer que ce n’est pas le ton mais la différence de traitement qui blesse ? Comment on fait miroir sans suspendre le contact visuel ?

Et les voix qui m’accompagnent autour grossissent encore les caractères du courriel reçu

oui bon, c’est juste du sexisme. (et on passe à un autre sujet)

ouais, c’est un [coin-coin] parmi d’autres. (et on échange un air complice)

il ne faut pas t’énerver pour si peu. (et on fronce un peu les arcades)

peut-être que tu ne devrais pas répondre. (et on réplique)

Le problème du systémique, c’est que la réception est difficilement explicable. Les “imaginez-vous”, les remises en situation, les allégories ne peuvent pas saisir sa redondance. Comment on répond à la redondance sans faire un cas d’exemple qui ne saisira pas le sens de la déferlante ?

Mark, le retour #

Mark saurait quoi répondre lui. Il aurait l’autorité, les nerfs. Il n’aurait pas peur de passer pour une piesèche-malbaisé-aigrie. Mark, il est en dehors ou du bon côté de l’oxymore.

Pour répondre aux P., A,, S., G. mais également aux I., O., A. aux andres comme aux hydres, il faut un Mark dans sa signature électronique.

Notre histoire n’était pas terminée Mark chéri,

nous avons été mariés, 
vous m'avez donné une si belle occasion de poste,  
nous avons travaillé ensemble pendant un temps partageant une même adresse courriel, 
nous nous sommes malheureusement séparés,  
l'épée du conflit d'intérêt oscillait trop proche de nos têtes, 

Mais on se retrouve désormais. On se redonne une chance. On retente l’épouse, la soeur, la fille, la cousine, ou tout autre bestiairestatut que l’imaginaire du destinataire voudra revêtir sur notre existence comme justification à notre présence.

Pour cet échange, peut-être pour d’autres mêmes, je réfreine mon nom, on contrefait le masculin.

Bien à vous,

Mark M.


  1. Non, je ne ferai pas d’analyse comparée des discours, surtout par manque d’outils. ↩︎


Tous les contenus de ce site sont sous licence CC BY-NC-SA : Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions.

rss feed orcid twitter courriel orcid internet archive CV