Ce post espère engager un dialogue
intellectuel parce que l'on veut bien paraître
amical parce que l'on veut ne pas être vus comme hostile
épistolaire parce que nous n'en parlerons pas directement
Avec un collègue, nous avions souhaité répondre à un appel typé sur un thème que nous considérons dans nos recherches respectives (lui depuis plus longtemps que moi) : la fabrique. La date de rendue de l’article final est le 15 juin 2023, nous sommes le 31 mai 2023. Je pense que l’on peut écrire un article à deux en deux semaines… mais pas quand on a une thèse à écrire, des présentations à préparer et d’autres textes tournant en tête.
[A.], soyons honnêtes même si un peu honteux, nous n’écrirons pas cet article
du moins pas ce mois-ci,
pas pour ce numéro,
du moins probablement pas durant cette année,
peut-être pour une autre revue,
au plus l'année qui vient celle d'après.
Que nous reste-t-il alors de cette rédaction commune qui n’aura même pas vu le blanc d’une page ?
dans les limbes du potentiel, du plus tard, du quand on pourra
avec les conditionnelles qui deviennent irréelles à forces de répétitions récursives
Que faisons-nous du curse du premier loupé qui empêche toutes secondes tentatives ? le principe du one shot or it’s a flop ?
jamais écrit, jamais oublié
toujours rappelé, toujours remis
La brique [comme-ci] #
Alors faisons comme-ci on la faisait, la fabrique à faire que nous ne ferons pas. Peut-être est-ainsi que peuvent commencer des publications, par des moments volés où l’on écrit pour soi-même en impliquant l’autre. Comme un truc qu’on s’échange en format ping-pong et que l’on finit par mettre sur table pour regarder les impacts des balles. Entre fabrique éditoriale et fabrique de la fabrique, nos approches bidouillent sans se connaître complètement sur leurs possibles accroches comme sur leurs certaines dissensions. Pour comprendre l’autre, il faut dialoguer : alors dialoguons sur ce que l’on fabrique de cette fabrique.
Ceci est le commencement d’une adresse pour quelque chose à faire, sans être une todo-list anxieuse ou trop sérieuse. Juste pour voir comment on se l’expliquerait si on avait à le faire. Pour voir ce que l’on a de commun dans nos fabriques et comment elles peuvent se construire et déconstruire en discours l’une avec l’autre.
Tu parles de briques,
comme des éléments que l'on emboîte pour faire sens,
patcher les angles, aligner les raies, varier les tours,
construire une structure où faire jouer nos figures
ceci est une première brique.
Pour corser un peu #
Le programme proscrit la vive voix.
Dans la perspective de pouvoir rassembler l’idéal maximum des écritures en travail dans notre commune fabrication, les mots échangés, adressés, le seront uniquement dans des environnements d’écriture, donc d’enregistrement, donc de récupération.
On verra plus tard si l’on utilise le kebab-case ou le snake_case – on sait déjà que le chameau restera chez lui – mais on peut déjà s’entendre sur le fait que l’on ne s’en parlera pas.
on ne débriffera pas en fumant furieusement
on ne se fera pas des post-it en tête qui commence par "faut que je lui parle de ..."
on n'en fera pas un sujet qui poppe en pleine soirée
ni une charge mentale, ni un topic de nos conversations
On va déjà explorer, tester et même laisser sans voix si jamais.
et si A. refuse #
Je n’ai pas parlé à A. de cette affaire à faire ou qui j’espère se fera.
J’ai respecté la règle de la non-vive-voix dès la fabrication de cette idée.
Si A. refuse, cela ne changera au fond pas le destin du [à faire] de notre article, cela aura possiblement démontré que la fabrique épistolaire n’était pas arrivée au bon moment, au bon endroit.
pour commencer à faire #
Les pistes que j’aimerai proposer en ouverture : comment on l’utilise cette fabrique ? est-ce qu’elle nous sert encore ? qu’est ce qu’elle peut nous apporter ? est-ce que ce n’est pas problématique de faire un outil d’un espace, une structure, une organisation ?