Déployé par hasard erreur, ce post dévoile toute mon orgueilleuse insolence vis-à-vis de l’institution dont je me revandique pompeusement.
Lorque je lui présentais ma démarche d’écriture dans le cadre de ma thèse, LK me posait la question la question suivante :
Mais tu dis recherche - création ou recherche et création ?
LK 2022, propos rapportés et reconstruits
Je ne sépare pas recherche de la création en terme d’objet final, je les mêle. Alors j’ai répondu :
peu importe, on peut dire les deux tant qu’on considère que c’est une approche à part entière et non une hybridation un peu fancy d’une recherche qui se permettrait des libertés parce qu’elle ne serait pas assez bonne pour n’être que scientifique.
MM 2022 + 1 minute, propos rapportés et reconstruits
Cela m’a fait réaliser une chose que je clame véhément surtout lorsque assaissonée à l’ivresse, parce que c’est souvent dans ces contextes que l’on débriffe plus sérieusement :
je m’en fous du texte
Insolente ivresse d’une littéraire #
Aussi insolente que puisse raisonner résonner cette phrase – fil rouge de la plupart des posts de cet espace1 –, il ne s’agit pas de renier ou désavouer la valeur des analyses stylistiques classiques, des lectures thématiques, des commentaires dissertatifs. Je suis en amour de tous ces exercices de pensées, je les ai parcouru (au rythme de trois par semaine pendant 3 ans) et –même repue – je ne trouverai jamais de fin à leur apprentissage, mais maintenant je veux de la chair neuve sous la dent.
Comme cet ogre qui mangeait les livres pour ne pas manger les enfants.
Cet ogre nouveau qui est arrivé dans mes nuits d'enfant du passé.
Cet ogre qui apprit à lire les livres aux enfants sans manger ni l'un ni l'autre.
L'Ogre nouveau est arrivé de J.F. Martin et R. Gouichoux
Par appétit pour les nouvelles saveurs, par salivation pour les corps inconnus, également par conviction profonde qui s’encre dans mes mains – mes petites mains dans les deux sens du terme –, je souhaite dépasser le texte pour revenir à son étrange matière, à ces reflus imprimés, à tout le brut qui constitue cet objet de lecture.
Je veux un texte aviné comme je l'étais dans mon effronterie,
un texte qui craque sous la dent par ses os,
dont les tendons vrillent et roulent sous mes mots.
Je veux un territoire où toute une méthodologie d'analyse est à inventer
et à répandre sur les chairs nues,
un lieu qui enracine les possibles.
Je veux un texte qui ne soit pas fait de figures de styles
chiasme, antithèse, oxymore, paradoxe
répétition, répétition, redondance, répétition
anaphore, accumulation, pléonasme
mais de couvertures, de toiles, colles, fibres, fils, codes.
Comme l’ogre qui mangeait des livres pour ne pas manger des enfants et qui a appris à lire les livres aux enfants qu’il ne mangeait plus, parce que c’est ça que fait l’ivresse de la littérature : donner faim de mots.
Textoshima mon amour #
Je veux réapprendre à lire dans toute l’épaisseur de la page et pas juste l’imaginaire filée des jeunes filles en fleur, entre éveil au printemps et au voyeurisme.
Je m’en fous du texte parce que je sais déjà que je l’aime.
Comme un amant langui, je veux connaître cet objet dans ce qui fait qu’il est lui.
me glisser dans ses pages aussi vastes que les cathédrales
souffrir ses exhalaisons de la veille qui reviennent au petit matin
sentir son poids dans mes mains et savoir s'il s'est entraîné à soulever des poids
faire l'expérience de ses odeurs, sueurs, rides
Je m’en fous du texte parce que je ne veux pas en faire une chose sacrée, prude, vierge. Un texte est un texte, ni soumis, ni démoniaque, ni inhumain, ni idéal. Il demeure une construction, une fabrique.
Je m’en fous du texte parce que je ne veux me consacrer qu’à lui.
-
à écrire un post sur l’humilité et l’insolence comme conduite de recherche. ↩︎