Comment peupler un espace vide en mouvement ?
Atelier de montage vidéo pour texte #
Dans le cadre du groupe d’écriture du projet Le récit de voyage à l’ère numérique (Miami-Gaspé), j’ai proposé un atelier de création vidéo non-expert avec le logiciel Shotcut.
Le but de cette proposition était de penser une page différente pour le texte, de penser son inscription dans un autre espace, d’aller travailler sa présence autrement pour l’intégrer dans un lieu où une histoire est déjà en cours.
Extrait de la séquence de travail proposée :
Cette séquence est une vidéo personnelle,
filmée à la main, tremblante, pleine de bruit, saturée,
mais présentant l’avantage de ne représenter personne, de ne demander aucun droit à l’image.
Inside d’un transport en commun, un bus de Montréal parmi d’autres, ce lieu est cependant vide du commun qu’il doit véhiculer. C’est cette rareté peut-être de l’évènement qui m’a motivé à le capturer, pour enregistrer les mouvements qui sont désormais les seuls à animer la bête sur roues. Les secousses, les chocs, les rugissements extérieurs, les tremblements des structures d’appui, la voix de la madame qui vous guide entre les arrêts, et les sièges qui patientent à leurs stations.
Cette scène attend un texte pour peupler ses assises #
J’ai choisi Shotcut parce que c’est un logiciel libre et gratuit de montage vidéo (compatibles avec les 3 OS) et qu’il est porté par une communauté qui participe activement à documenter ses utilisations multiples.
Mais au-delà de ces arguments qui sont partagés par d’autres logiciels de montage vidéo, Shotcut est surtout un outil qui peut être abordé avec une irrévérence envers son manuel. Si l’interface apparaît au début un peu opaque, si il y a “trop de boutons” partout, si les tatonnements sont multiples pour parvenir à créer un effet, l’outil est suffisamment souple pour permettre les bidouillages, les errances, les contrefaçons.
En préparation de l’atelier, ouvrant enfin le manuel du logiciel pour apprendre les manières de faire répertoriées et prévues, j’ai constaté que :
- j’avais développé hors manuel mes propres pratiques et solutions ;
- la majorité de ces solutions personnelles se révélaient bien complexes et sinueuses inutilement ;
- l’outil n’avait plus du tout la logique de fonctionnement que j’avais d’abord envisagé.
Je continuerai bien sûr à lire le manuel tout en conservant certains des tics que j’ai développé lors de mon apprentissage solitaire.
Un manuel ça ouvre et ça limite en même temps #
Pour l’atelier, après la présentation de l’interface par défaut (filtres et playlist gauche ; rendu du projet centre ; historique droite ; timeline bas), j’ai proposé plusieurs exercices pour peupler de texte la séquence vidéo :
- la glose : le texte intitule la vidéo, un peu comme du sous-titrage à la différence que le texte devient la voix de l’image.
- l’irruption : le texte vient se superposer sur l’image, modifier son unité, pour faire une hybridation entre visible et lisible.
- la valse : le texte joue avec les contours de l’image, avec ses limites, se déplace tout autour d’elle, fait des mouvements aléatoires.
Chacune de ces propositions tentent d’effacer la relation de pouvoir qu’on institue entre le texte et l’image (illustration ou légende) pour considérer la chose littéraire comme un bloc, même si ce bloc peut paraître explosé, composite, incertain entre le travail poétique et le travail de montage.
Documentation #
Informations sur l’évènement passé
Sur Shotcut :
En écho suite de l’atelier
CC BY-NC-SA Antoine Fauchié