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Design pour des environnements éditoriaux équitables, pluriels et inclusifs

DOCSO 2022

Remerciements aux organisateurs et organisatrices pour cette occasion de parole et de partage. Remerciements aux techniciens et techniciennes de tous métiers pour l’organisation concrète de l’évènement.

Remerciement tout particulier pour m’avoir permi de faire ma présentation en ligne (malgré le format présentiel de l’évènement).

Présentation dans le cadre du colloque DOCSO 2022 (Liège) - 23-24 juin 2022.

Titre : Design pour des environnements éditoriaux équitables, pluriels et inclusifs
Sous-titre : (les petites mains structurées différemment)

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Texte #


Avertissement : si ce qui suit peut paraître très analogue à la présentation à Humanistica, c’est parce que ces deux présentations se fondent sur un même article (à paraître).


Ma présentation est celle d’une réflexion en cours, liée à ma thèse, et cette réflexion est issue d’un post publié sur mon site en septembre 2021 intitulé « Manifeste des petites mains ».

Les petites mains, c’est une expression courante utilisée généralement pour désigner les travailleuses et travailleurs en coulisse, assignés à des tâches répétitives et minutieuses.

Je réalise, depuis la publication de ce post et au fil des présentations et des discussions qui suivent, que le sujet non seulement est d’une actualité vive mais qu’il semble innerver toutes les disciplines et c’est ce qui fait sa force selon moi.


Au XIXe siècle « les petites mains » désignait un grade dans l’organisation des ateliers de couture : sous les ordres des premières mains, les petites mains exécutaient des tâches de tissage. Aussi appelées cousettes, ces ouvrières dans le tissu étaient alors résumées à leurs mains pour signifier les opérations qu’elles devaient effectuer. Et ce type de tâche va définir plus généralement les petites mains que l’on retrouve aujourd’hui dans pratiquement tout les corps de métiers impliquant un travail manuel : et, il faut le préciser, elle n’est pas péjorative en tant que telle, dans le milieu culinaire par exemple, être une petite main est au contraire considéré encore aujourd’hui comme une qualité.


Dans le milieu de l’édition cependant, sans en faire une généralité, et en considérant différents degrés selon les usages particuliers et les contextes d’énonciation, l’expression employée pour désigner les éditeurs et (surtout) les éditrices dénote d’une dévalorisation. On désigne par là les acteurs qui effectuent des activités relecture et d’édition sur un article dans une chaîne éditoriale. Pour peu qu’elles comprennent toutes les caractéristiques techniques qu’elles peuvent comporter, les petites tâches des petites mains sont considérées comme étant de moindre importance sur l’échelle du savoir, cet état d’esprit menant jusqu’au mépris des acteurs impliqués. Dans cette perspective se lient donc des enjeux de transparence à des enjeux de reconnaissance.

[Petit parallèle mais qui me semble important, on parle depuis les années 2000, de digital labor, et c’est un concept qui est notamment défini par Casilli comme l’ensemble des « activités numériques quotidiennes des usagers des plateformes sociales, d’objets connectés ou d’applications mobiles » (Cardon 2015) et qui donc désigne une dynamique de participation des usagers à une économie, à un roulement rentable des données. Ces travailleurs du clic participent d’un écosystème sans en forcément le savoir (Casilli 2019) et c’est sur cette notion de participation inconsciente que les petites mains se distinguent.]


Ce qui pouvait paraître être une question traitée par les approches davantage liées à l’anthropologie ou aux sciences sociales est adressé aujourd’hui avec peut-être plus d’évidence dans les humanités, notamment numériques. Pour adresser la question des mains invisibilisées et souvent insoupçonnées prises dans les rouages de la production de connaissance, la formule des petites mains revient comme un refrain.

D’où la question qui m’a animé :

Que devient notre savoir lorsqu’on le pense de la perspective des petites mains ?

Je propose ici d’essayer de comprendre d’abord la charge épistémologique de cette formule entrée dans le langage courant pour le cas particulier de l’édition numérique en sciences humaines pour ouvrir sur des projets qui tendent justement à penser une revalorisation des petites mains.


Posture du savoir #

L’histoire des sciences met en pleine lumière plus généralement les chercheurs, en tant qu’autorité du savoir mais aussi au sens d’individus masculins, et ce faisant façonne une communauté élite, pionnière qui se distinguerait dans la société par des critères d’excellence, de visibilité et de scientificité.

C’est ce que développe notamment Waquet dans son ouvrage Dans les coulisses de la science, proposé comme une revisite de l’histoire de la science pour redonner de la visibilité à ce qu’elle désigne justement comme les petites mains (Waquet 2022). Ce que l’on peut nommer comme la société du savoir est une société qui place l’auteur comme le seul producteur de sa pensée. Et je m’inscris ici dans la pensée des médias qui, depuis la réflexion de McLuhan (Understanding Media), ont travaillé notamment au décentrement de la focale du contenu vers le contenant pour souligner la participation du média soit dans la conception du savoir soit dans la constitution de ce dernier.

Derrière le génie, placées dans l’ombre et invisibilisées par cet état sont des mains qui s’agitent, des environnements qui in-forment au sens deleuzien de donner une forme dans, des individus qui modélisent la pensée.


Rhétorique immatérielle #

En cause est une opposition qui semble indélogeable, qui place d’un côté la réalisation manuelle et de l’autre la conception intellectuelle. Comme on peut aussi l’entendre dans son pendant main-d’œuvre, il y aurait de chaque côté de la pièce des mains qui font et des têtes qui pensent.

À l’origine de ce hiatus, entre forme et matière, entre contenu et contenant, donc entre pensée et support, se situe ce que Vitali-Rosati a identifié comme la rhétorique de l’immatérialité, rhétorique qui présuppose « qu’il y ait d’un côté quelque chose de pur, immatériel, noble et précieux et de l’autre son incarnation, impure, matérielle, imparfaite, vile et sans importance » (Éloge du dysfonctionnement, Vitali-Rosati [à paraître]).

Cette rhétorique ne pose pas tant le problème de l’abstraction des objets en tant que tels que du discours épistémologique et politique qu’elle tend à construire et qu’elle tend à perpétrer dans les environnemens numériques vis-à-vis desquels on a pu entendre de plus le discours d’une virtualité, d’une dématérialisation.


L’analyse du rôle des femmes dans le laboratoire du Père Busa par Melissa Terras est un exemple représentatif. L’Index Thomisticus, considéré comme l’un des premier en humanités numériques, dans la documentation qui en est fait ommet la présence et la participation pourtant primordiale des petites mains : les « female punchcard operators », celles qui encodaient les cartes perforées de l’Index Thomisticus.

[T]he majority of [these women] seen here are doing data entry, albeit in a skilled and new format. The project certainly could not have happened without their input. (Terras 2013)


Mains passées sous silence, au point d’ailleurs où un travail est actuellement entrepris pour retrouver les noms des ouvrières impliquées (Terras 2013) et que la page française Wikipédia du projet d’ailleurs ne mentionne pas cette participation comme me le faisait remarquer Alix Chagué, doctorante à l’université.


Cette ommission est significative comme paradoxale justement parce que des images archives sont là pour témoigner de cette participation : les femmes ne sont pas cachées sur les photographies, au contraire même puisqu’elles sont au centre de ces images, mais pourtant elles sont invisibilisées (et non pas invisibles) : il y a, et c’est ce qu’affirme notamment Casilli dans son étude du digital labor, il y a une conception en amont qui ne nous permet pas de les voir, et c’est là autant un problème optique qu’épistémologique (Casilli 2019) .


Corps techniques des petites mains #

Au-delà du problème de la reconnaissance institutionnelle et officielle des acteurs qui participent à la structuration, l’édition et la diffusion du savoir, il est un autre problème, peut-être plus insidieux qui fonde un système de valeur : les images d’archives de l’Index Thomisticus, mais aussi celles du Mundaneum le montrent bien, il y a d’un côté l’homme qui dicte, qui observe, qui stand et les femmes qui opèrent, qui transcrivent : pour le dire un peu plus cruement il y a l’intellectuel et il y a la secrétaire.

[L]e grand homme […] pense et puis une foule de secrétaires, correctrices, techniciennes […] prennent cette pensée et en font un livre. (Éloge du dysfonctionnement, Vitali-Rosati [à paraître])

Ce qui m’a fait me poser la question du corps des petites-mains : quel corps est impliqué ? Les petites mains sont-elles exclusivement féminines ? ou sont-elles plutôt à posteriori une marque de féminisation ?

Dans le cas du Mundaneum et de l’Index Thomisticus, les petites mains étaient celles d’ouvrières parce qu’elles possédaient les compétences dactylographiques recherchées : Secrétaire 2.0 ou média au sens de « technological extension of man’s being » selon la définition de McLuhan.

Dans son étude de la constitution d’une histoire masculine du monde du savoir, Waquet mentionne justement les présences nombreuses, derrière les réalisations et les œuvres, des secrétaires, personnels de services, notamment celles de filles, épouses, sœurs qui assitent un père, un mari ou un frère.


Pour reprendre l’exemple de Vitali-Rosati du tableau de Rembrandt (1632), Le Philosophe en méditation, derrière le philosophe il y a une femme, les mains occupées au foyer, dans l’ombre, les ténèbres qui travaille à nourrir ce corps qui pense, qui est tourné vers le monde, vers la lumière, donc le savoir.

L’homme pense, il est proche de la lumière naturelle, il ne fait rien de matériel et pour cela il fait la chose la plus importante; la femme n’a aucune importance, […] presque fusionnée avec le décor, elle participe de la matérialité de l’espace qu’elle contribue à faire “fonctionner” en chauffant la pièce. (Éloge du dysfonctionnement, Vitali-Rosati [à paraître])

Entre ces deux figures, un escalier massif qui achève de séparer les deux corps par une architecture infinie.


Un dernier exemple pour finir d’adresser un problème, qui implique bien plus que des mains. Passage de McLuhan au sujet de la participation de la femme au déplacement :

Much of [transport] was by pack animal — woman being the first pack animal. […] Some writers have observed that man’s oldest beast of burden was woman, because the male had to be free to run interference for the woman, as ball-carrier, as it were. (Understanding Media: The extensions of man, McLuhan 1964)

Au delà du fait que dans cet extrait la femme est présentée comme la première bête de somme de l’homme, ce qui n’a jamais été validé par des études historiques, ce qui m’a percuté ici c’est surtout la dernière phrase et particulièrement la traduction française par Jean Paré en 1968 qui en a été faite :

Des malins ont écrit que si la femme avait été la première bête de somme de l’homme, c’était pour laisser à ce dernier les mains libres.

Traduction éloignée mais étrangement plus explicite d’une certain ton… C’est peut-être ici tout le noeud de l’expression, car si il y a petites mains, c’est pour que d’autres mains puissent être libres de leurs mouvements ou de leur immobilité, quelque soit ces mouvements ou cette immobilité.


Imaginaire technique #

Tous ces imaginaires produisent des conceptions et des tendances bien réelles : les modèles de l’individu technologique (hacker, informaticien, développeur ou geek) dont les mains s’activent de manière virulente sur un clavier sont exclusivement des figures masculines comme le mentionne Collet :

L’arrivée des micro-ordinateurs a créé des sociétés de hackers […] presque exclusivement masculin[e]s et hostiles aux filles. […] Le hacker serait devenu l’idéal-type de l’informaticien. Ce métier, non seulement ne correspond plus à l’image que les filles ont d’elles-mêmes, mais leur semble même franchement hostile. (La disparition des filles dans les études d’informatique : les conséquences d’un changement de représentation, Collet 2004)

Entre les années 1940 et les années 1980, les métiers liés au numérique et aux sciences informatiques étaient accessibles aux femmes (présentes à un taux de 30%) : ce n’est tant que ces professions étaient considérées comme relevant du secteur tertiaire. Aujourd’hui, par la généralisation des micro-technologies, la présence des femmes est estimée à 15% dans les métiers numériques (Collet 2004).

La non-transparence des coulisses de processus éditoriaux, la conception très monolithique et individuelle de l’écriture, le sexisme technique général par le développement de modèles masculins également, le problème d’égalité salariale aussi font des « petites mains » de l’édition des entités peu visibles et peu valorisés (d’ailleurs rarement citées dans la publications finales).

Après avoir adressé le problème j’aimerai ouvrir des pistes peut-être plus optimistes pour penser des possibles revalorisations des petites mains.


Fabrique de la pensée #

La question des petites mains semble selon moi se nouer autour de la question de l’attribution et de la propriété des écritures, et il m’apparaît que plusieurs réflexions permettent déjà de penser et remettre en lumière la multiplicité des forces en actions dans la production du savoir.


C’est en quelque sorte ce qui est adressé dans la notion d’énonciation éditoriale où le texte est pensé comme le résultat d’une pluralité d’instances éditoriales : le texte est le produit de plusieurs acteurs autre que l’auteur. Ces acteurs parce qu’ils « façonnent et constituent l’identité du texte » en terme de lisibilité comme de légitimité, « déterminent donc les conditions de sa réception » (Souchier 1998) – déterminer au même sens que l’emploie Kittler « Media determine our situation » (Gramophone, film, typewriter), soit au sens ontologique de l’allemand bestimmen.


On retrouve aussi cette multiplicité dans la pensée de l’éditorialisation en tant que réflexion sur les phénomènes de production d’information dans les environnements numériques (qui a été au centre de nombreuses réflexions, par Bachimont, Zacklad, Vitali-Rosati, Chartron), en tant que savoir-faire organisationnel.

Historiquement, la fonction première de l’éditeur est d’établir et de rassembler des textes dans un volume, en attestant sa clôture et la nécessité interne de ses articulations. Transposée dans l’environnement transmédiatique, cette tâche, tout en se maintenant, s’inverse : c’est désormais à une sorte d’étoilement des contenus que procèdent les collectifs d’éditeurs, en les interfaçant dans une pluralité de traitements. (Éditorialisation collaborative d’un événement, Merzeau 2013)

Il y a danss ces pensées, la prise en compte du collectif comme relevant du savoir et comme sujet lui-même constitué par le savoir.


J’aimerai également citer la pensée des communs qui travaille à une valorisation des coulisses de la recherche par la visibilité de ces dernières en citant Fredriksson et Sauret qui ont consacré un dossier sur cette question. Le dossier a été publié à la revue Sens public donc je vais parler un peu après avec un choix de publication particulier : une publication au fil de l’eau où les versions de travail, et les annotations qui y sont associées sont accessibles.

Les pratiques d’écritures documentaires relèvent alors d’un effort de compréhension et de description des dynamiques collectives à l’œuvre. Ces partages d’expérience se projettent à la fois dans l’échange avec des communautés proches, et dans la production d’un patrimoine informationnel commun, dédié aux communautés futures. (Écrire les communs. Au-devant de l’irréversible, Fredriksson & Sauret 2019)


Nous, lecteurs, lectrices nous avons donc accès aux versions qui ont permises l’émergence et la finalisation de la structuration d’une pensée. Mais parce que ces versions en ligne disposent d’un outil d’annotation (l’outil hypothesis), il nous également possible de reconnaître les échanges entre les différents individus qui ont participé, soit de voir la dynamique collective dans laquelle les chercheur.e.s se sont engagés. Le but de la publication n’est ici plus seulement la légitimation d’un savoir mais de permettre la conversation autour de ce dernier.

Je voudrais maintenant présenter deux projets qui, même s’ils n’adressent pas directement la question des petites mains, me semblent s’inscrire dans des réflexions pour penser des modèles de valorisation, de transparence et de reconnaissance d’une collectivité. Il y en aurait bien d’autres à citer, je cite ces derniers par j’y ai été impliquée.


Cas d’étude : La revue Sens public #

Revue en sciences humaines créée en 2003 par Gérard Wormser, qui a été coordonnée notamment par Carole Dely, Karine Bissonnette, Servanne Monjour et actuellement coordonné par Eugénie Matthey-Jonais pour son côté montréalais, Sens public se fonde sur le principe de conversation, qui est toujours en cours d’implémentation technique : en amont est la considération qu’une revue en sciences humaines est un espace pour la conversation scientifique, pour concevoir mais aussi implémenter techniquement, apéifier une granularité des savoirs.

Notre intention pour ce site aura été de concevoir la revue comme un dispositif conversationnel, favorisant ce que Jean-Claude Guédon appelle des cristaux de connaissance (2015). (À propos, Sens public)

La chaîne éditoriale tend à établir une reconnaissance mutuelle des différents acteurs impliqués dans l’établissement de l’article. Reconnaissance qui pour l’instant se fait à l’interne, les auteur.trices connaissent les éditeurs.trices, les évaluateur.trices par un principe de dialogue continu.


Sans entrer trop dans les détails de la chaîne éditoriale : la prévisualisation des articles est associée à l’outil Hypothesis qui permet donc l’annotation : l’annotation est utilisée pour mener les évaluation par les pairs, évaluation sur le mode ouvert, donc où les évaluateur.trices et les auteur.trices connaissent leurs identités.

Parce que l’évaluation est réalisée via l’annotation à même le texte, l’espace de l’article devient un espace de dialogue et de collaboration dans une idée de transparence du processus.

Même chose pour les éditeurs.trices, les petites mains dialoguent directement avec l’auteur, sans anonimisation. Cet engagement pour une conception collective de l’établissement d’un texte arrive à une limite. Reste en effet, c’est un développement peut être futur, que ces acteurs (évaluateur, éditeur) ne sont pas crédités dans le produit final à la différence d’autres initiatives comme Programming Historian ou d’autres initiatives.


Cas d’étude : Le projet Revue2-3.0 #

Deuxième cas d’étude que je souhaitai présenter avant de conclure, le projet Revue2.0-3.0 porté par la chaire de recherche du canada sur les écritures numériques, financé par le CRSH, projet qui a déjà fait l’objet de présentations dans le cadre du colloque, a pour but de repenser la mission des revues savantes dans les environnements numériques et de les guider vers l’adaptation de leurs identités et valeurs éditoriales dans ces environnements.

L’objectif principal du projet est de garantir une multiplicité de modèles pour les revues en SH en résistant à la concentration des grands monopoles et par extension à tout modèle qui se présenterait comme unique ou dominant.

Réunissant les grands acteurs de l’édition numérique (les diffuseurs de revues francophones OpenEdition et Érudit, l’infrastructure Huma-Num) et des revues en sciences humaines, le projet et son extension doit permettre de concevoir un espace de recherche-action pour une communauté scientifique et de préserver leur mission de légitimation de la connaissance.

Ce qu’a montré ce projet, entre autres, c’est que toute la valeur et l’identité des revues, derrière toute pluralité et la richesse de leurs modèles, elle relèvent des petites mains : toutes les revues s’accordent sur l’importance du savoir, mais elle ne vont pas le structurer de la même manière, à la virgule prêt parce qu’en amont sont des enjeux épistémologiques, et cette structuration c’est les petites mains.

L’idée qui est projetée dans la suite Revue3.0 est de pouvoir représenter, reconnaître une pluralités de modèles épistémologiques et la pluralité d’acteurs dans la constitution du savoir.

L’édition, dans sa dimension de légitimation soulignée par Collins en 2019, c’est aussi et peut-être surtout définir qui va être lu et qui va être cru. Il s’agit donc de repenser les outils, les environnements, les modèles, les structures pour un design plus inclusif du collectif et de la diversité qui prennent conscience de ses multiples acteurs.


Ajout n’est pas inclusion #

Ce que j’ai voulu adressé au travers de l’étude d’une formule qui semble innocente, est le problème d’un héritage, qui tout autant épistémologique, politique que technique.

Je n’aurai malheureusement pas de vraies solutions à proposer, dans la mesure où ils me semblent que tout conseil devrait être renégocié au sein des communautés selon leurs pratiques et leurs valeurs, mais il est une réflexion sur laquelle je m’accorde, celle de Tara McPherson dans dans son ouvrage Feminist in a software lab (2018) que je résumerai ainsi :

« Ajout n’est pas inclusion ».

Repenser nos interfaces numériques en fonction de valeurs inclusives est une vaste entreprise de réflexion qui n’implique pas seulement d’enrichir nos données en conséquence, d’ajouter des noms et des crédits comme dans un générique de film que d’ailleurs personne ne lit parce que placé à la fin, mais également de repenser les modèles de valorisation pour prendre en compte pleinement les instances éditoriales et les assumer pas seulement comme intervenant sur la connaissance mais comme la constituant.

When […] efforts focused on adding race or gender to digital archives and data sets, there was an implication that simply adding new data as content is all that is needed to get at some truth about race or gender. While it is hard to argue against, […] including women authors in a database of nineteenth-century writers, such an approach is more additive than integrative or relationnal. (Feminist in a software lab: difference + design, McPherson 2018)

L’effort est collectif, puisqu’il ne s’agit pas d’ajouter des individus, des données, des noms et juste des crédits, mais bien de repenser les protocoles et modèles qui constituent la communauté de savoir.


et je finirai par la formule qui conlue le Manifeste à l’origine de cette réflexion, et qui selon permet de résumer la question de la légitimité, de l’autorité toujours dans un imaginaire de nos recherches.

Les petites mains ont leurs places sur la table du savoir


Références #

Bibliographie Zotero

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Pour toucher plus loin les petites mains #


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